Rencontre avec Marie-Josée Richer de Prana

ArticleImpact social

Dans le cadre du cours Leadership et impact social, l’équipe de la baladodiffusion 25% s’est entretenue avec Marie-Josée Richer, PDG et cofondatrice de Prana et coach à la Factry. Entrevue avec une des figures de proue de l’économie sociale et écoresponsable au pays.

25%: Quand on est entrepreneur et qu’on cherche à avoir un impact social et environnemental, comment ça change la façon dont on se fixe des objectifs?

Marie-Josée Richer : Prana a adopté le modèle de l’entreprise progressiste, qui mesure sa performance selon les 3P : personnes, planète, profit. Une entreprise conventionnelle se donne des objectifs qui sont financiers, pour que les actionnaires en retirent le plus possible. Pour une entreprise progressiste comme la nôtre, le profit, c’est un moyen pour créer plus de valeur, mais ce n’est pas une fin en soi. Chez Prana, la performance financière est importante, mais elle se juxtapose à une performance environnementale et sociale. Ça fait partie intégrante de la stratégie, parce que les objectifs qui sont plus sociétaux privilégiant le long terme. Par exemple, on s’intéresse à la réduction de nos gaz à effets de serre, à la gestion de notre eau et de nos déchets, au partage de profits avec nos employés, à la transparence des états financiers, au bien-être de nos agriculteurs, etc … Tout ça, ce sont des objectifs para-financiers, qui ne sont pas liés directement à faire du profit, mais à faire de ce monde un monde meilleur.

25% : Beaucoup de personnes croient qu’économie sociale est synonyme de petites entreprises. Prana a aujourd’hui un chiffre d’affaire de 35 millions de dollars. Comment fait-on pour garder cette mission au cœur du modèle d’affaire quand une entreprise grossit à ce point ?

MJR : C’est tout à fait faux que les entreprises sociales sont des petites entreprises. Par exemple, Frédéric Lalou donne dans son excellent livre Reinventing organizations plusieurs exemples d’entreprises sociales qui comptent entre 1000 et 40 000 employés. On peut penser à Patagonia, Ben and Jerry’s, SouthWest Airlines. Pourquoi ces entreprises sont différentes et comment des entreprises conventionnelles peuvent se mettre dans ce nouveau paradigme-là ?

Pour nous, la raison d’être d’une entreprise est de contribuer à un monde meilleur. Chez Prana, on ne se demande pas tellement comment garder notre mission au fur et à mesure qu’on grandit, parce que c’est justement par cette mission qu’on grandit.

Ce qui est le fun, c’est que plus on grandit, plus on a d’impact, parce qu’on touche plus de gens. Il y a plusieurs bénéfices à ce modèle. Par exemple, on se rend compte aujourd’hui qu’on attire plus nos employés seulement pour travailler de 9 à 5, mais parce qu’ils veulent vivre de leurs valeurs. La culture de l’entreprise, ce n’est pas seulement les fondateurs qui la créée. Tout découle de cette intelligence collective, de ce travail en collaboration. La business, c’est l’intelligence humaine au service d’une même mission.

Marie-Josée se glissera dans nos petits écrans ce printemps grâce à la populaire émission Dans l’œil du dragon. Elle sera une véritable bouffée de vent frais dans cette représentation du paysage entrepreneurial québécois assez homogène. Investir les lieux d’influence pour les rendre plus humains, responsables et collaboratifs, c’est un peu ça, le rôle du leader social.

Béatrice Allard

Analyste de politiques publiques en protection des données personnelles et vie privée

Récipiendaire de la Fondation des boursiers Loran 2019, Béatrice est fortement engagée au sein de la communauté.