Aujourd’hui, comme astrophysicienne, je scrute le ciel pour comprendre comment naissent de nouvelles étoiles dans les galaxies avoisinantes. Je tente de décortiquer ce phénomène qui se produit à des milliers, des millions, voire des milliards d’années-lumière de la Terre, en espérant repousser les limites de la connaissance.

L’infime possibilité de faire une découverte me donne la motivation nécessaire pour continuer, pour développer de nouvelles méthodes et pour sortir des sentiers battus afin d’atteindre cet objectif improbable, mais possible: être la première à comprendre, à faire ou à voir quelque chose, et partager ces nouveaux savoirs avec ma communauté. Cela implique d’envisager tous les chemins imaginables et, bien souvent, de prendre des risques.

Avec ses idées folles et démesurées, ma petite voix m’a déjà permis de me rendre bien loin sur le chemin de la découverte. J’ai appris à l’écouter.

Je me rappelle une nuit magique durant laquelle j’ai pris une décision risquée. À l’époque, j’étais encore étudiante. Le spectromètre imageur SpIOMM, installé à l’Observatoire du Mont-Mégantic, était alors utilisé pour observer des galaxies et d’autres objets spatiaux, comme des restes de supernovas et des nébuleuses planétaires. Ces observations étaient toujours menées dans la «zone de confort» de l’instrument, là où la lumière captée est la plus claire. Mais lors d’une nuit où les prévisions météorologiques n’annonçaient rien de bon, j’ai suivi mon intuition et j’ai décidé de pointer le télescope vers une nébuleuse planétaire connue, tout en portant mon attention sur la zone bleue de l’instrument—la partie du spectre que le spectromètre a le plus de mal à capter. Détecter le signal de l’objet dans cette bande de couleur était tellement improbable et techniquement difficile que personne ne l’avait essayé auparavant.

Ce soir-là, par une chance inouïe, les nuages sont passés sous le sommet de la montagne, chose qui n’arrive presque jamais à une altitude de seulement 1,1 kilomètre. J’ai pu observer la nébuleuse pendant presque huit heures, ce qui a permis à mon équipe d’analyser une partie inédite de l’activité de l’objet céleste.

Suivre son intuition ne suffit pas à réaliser de grandes choses: sans le soutien et la confiance de ma communauté, l’expérience de Lac-Mégantic aurait été impossible à réaliser. Travailler en équipe donne accès à des ressources et permet à chacun·e de développer des outils sans lesquels nos options seraient bien plus limitées. Chaque personne contribue en fonction de sa propre perspective et de ses propres expériences, ce qui permet de voir plus clair, et de prendre des risques plus calculés. On progresse ainsi plus rapidement sur le chemin de la découverte.

Après tout, nos intuitions individuelles sont fondées sur les mêmes grands rêves collectifs, et sur une expérience forgée par des années de travail acharné.

Guidé·e·s par nos rêves et par nos intuitions, nous nous dirigeons ensemble vers une destination inconnue qui prendra forme au fil de nos expériences. C’est cette petite voix intérieure, portée par une curiosité infinie, qui nous pousse en avant.

La voix des étoiles

Envie d’en lire plus

Vous soutenir dans vos enjeux d’affaires.